Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Monsieur le
Secrétaire perpétuel,
Mesdames et Messieurs,
Cher Denis Le
Bihan,
Cher Stanislas Dehaene,
La
remise d'un prix scientifique aussi prestigieux et aussi richement doté
que le grand prix de la Fondation Louis D. est naturellement, pour la
ministre chargée de la recherche, un grand moment de satisfaction.
C'est
l'occasion d'honorer, dans ce cadre particulièrement solennel, deux
éminents scientifiques de notre pays et de donner ainsi à leurs succès
un rayonnement qui va bien au-delà de la communauté
scientifique.
Mais remettre une distinction c'est aussi marquer la
reconnaissance d'une communauté vis-à-vis de personnes éminentes, donner
une valeur exemplaire à leur action et communiquer aux autres la passion
qui les a animés dans leurs recherches et leurs travaux. Cette remise du
prix de la Fondation Louis D. est donc le moyen de faire savoir, en
particulier auprès des jeunes, de leurs parents et de leurs proches, que
la science est source de grandes satisfactions, tant professionnelles
que personnelles, qu'elle est, en bref, l'un des plus beaux métiers du
monde.
Le
prix remis aujourd'hui me remplit de satisfaction, en particulier, pour
trois raisons :
La
première raison est le choix que vous avez fait des deux lauréats, Denis
Le Bihan et Stanislas Dehaene, en l'honneur desquels nous sommes réunis.
Au-delà de l'excellence de leurs travaux scientifiques, cette récompense
s'adresse aussi à leur personnalité et à leurs qualités
humaines.
Cher
Denis Le Bihan, Cher Stanislas Dehaene, vous êtes récompensés cette
année pour vos travaux sur l'imagerie du cerveau et ses applications, et
notamment pour vos résultats communs obtenus en imagerie par résonance
magnétique.
Lorsque j'ai reçu et accepté l'invitation de M. Pierre Messmer à
cette cérémonie, je ne pouvais encore savoir que le Prix Nobel de
médecine et physiologie allait être attribué, le 6 octobre, aux deux
pères de l'IRM, Paul Lauterbur et Peter Mansfield.
Quelle
remarquable coïncidence de l'actualité scientifique et quelle meilleure
reconnaissance de la place essentielle de l'imagerie dans la recherche
sur le plus mystérieux des organes : le cerveau !
La
résonance magnétique a donné lieu à de formidables résultats depuis les
origines des connaissances sur les phénomènes physiques comme le
magnétisme nucléaire ou la supraconductivité jusqu'à leurs applications
en instrumentation, en chimie et en biologie structurale.
Cher
Denis Le Bihan, Cher Stanislas Dehaene, j'ai le sentiment que votre
carrière dans ce domaine de l'imagerie du cerveau, qui est le vôtre,
vous réserve encore bien des succès. Le prix prestigieux qui vous est
décerné aujourd'hui vous donnera le temps et les moyens de poursuivre la
formidable aventure scientifique que vous avez engagée : comprendre les
bases cérébrales des fonctions cognitives.
Je me
hasarderais également volontiers ce matin à pronostiquer que l'IRM
anatomique et fonctionnelle en neurosciences pourrait contribuer, dans
les prochaines années, à de nouvelles distinctions par l'Académie de
Suède. Avis aux amateurs !
La
seconde raison est le fait que vos deux noms soient associés au grand
prix scientifique 2003 de la Fondation Louis D. reflète ainsi de manière
exemplaire l'exigence de pluridisciplinarité des neurosciences
modernes.
Mais
curieusement, la complémentarité de vos deux parcours relève du
paradoxe. C'est le mathématicien qui est devenu l'expert en sciences
cognitives et c'est le médecin qui a contribué à des avancées
méthodologiques majeures de l'IRM ! Cette complémentarité des
compétences est au cœur du succès que nous saluons aujourd'hui et elle
caractérise les centres de recherche les plus prometteurs, tel le
Service hospitalier Frédéric Joliot à Orsay, où vous exercez tous deux
votre activité.
Au-delà des hommes, je veux donc aujourd'hui saluer le succès
d'une œuvre conduite en équipe.
La
troisième raison est que ce prix est pour moi le moyen de souligner à
nouveau toute l'importance des fondations dans le soutien à la recherche
scientifique.
Je
voudrais avant tout remercier la Fondation Louis D. d'avoir affiché de
façon si remarquable sa volonté de soutien à la recherche.
Je
souhaite aussi, à cette occasion, réaffirmer ma conviction que notre
recherche peut tirer un bénéfice encore plus grand d'une meilleure
utilisation des fondations privées.
Dès
2003 des efforts ont été faits, notamment par mon ministère et le
ministère chargé de la culture, pour rendre plus souple le statut des
fondations et pour mieux inciter fiscalement les donateurs, qu'il
s'agisse de particuliers ou d'entreprises.
L'année 2004 verra, j'en suis sûre, les premiers effets positifs
de cette politique, qui sera renforcée par la mise en place d'une
cellule d'appui au niveau du ministère et par des mesures budgétaires
d'accompagnement issues du Fonds des priorités de recherche.
Cher
Denis Le Bihan, Cher Stanislas Dehaene, je voudrais, en vous adressant
une nouvelle fois mes plus chaleureuses félicitations pour cette
récompense, saluer aussi tous vos collaborateurs qui ont rendu possibles
les remarquables résultats présentés ce matin. Bravo à vous tous et
poursuivez avec enthousiasme cette entreprise fascinante, déjà riche de
vos succès, et qui honore notre pays.
Je
vous remercie pour votre attention.